Depuis vendredi 27 mars, plus de 10 000 personnes ont signé la pétition mise en ligne par Sandrine Thomas, directrice des rédactions du groupe Centre France. Celle qui est aussi rédactrice en chef au journal La Montagne demande le maintien du passage du courrier « au moins un jour sur deux », alors que La Poste misait plutôt sur une distribution concentrée en fin de semaine.
Son journal, on aime généralement le lire le matin. Surtout quand on est abonné et qu’on a pris l’habitude de le recevoir dans sa boîte aux lettres. Mais depuis quelques jours, crise sanitaire oblige, La Poste connaît des difficultés dans l’acheminement du courrier. Ce qui n’est évidemment pas sans perturber le secteur de la presse quotidienne régionale (PQR) : « Nous réclamons que le courrier, et donc le journal, soit distribué lundi, mercredi, vendredi » résume Pascal Ratinaud, rédacteur en chef au Populaire du Centre, un des huit titres quotidiens du groupe Centre France.
Service minimum évident
« Il n’a jamais été question de dire il faut que La Poste distribue tous les jours. On avait très bien compris que dans les décisions de La Poste, le premier choix était de protéger les salariés, notamment les facteurs » comprend le journaliste. Pour autant, il se réjouit que La Poste semble finalement « écouter ce qu’on avait à lui dire, nous, mais pas seulement nous : des élus, des entreprises… ».
Optant d’abord pour une « distribution trois jours par semaine, le mercredi, jeudi, vendredi », La Poste semble donc se raviser après les multiples réactions, notamment du secteur de la PQR. C’est en tout cas ce que laisse entendre Eric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts, actionnaire majoritaire du groupe postal : « Les équipes de la direction générale de La Poste travaillent pour, avec les postières et les postiers et dans le respect de leur sécurité, améliorer le dispositif « a-t-il expliqué ce mardi 31 mars sur BFM Business. Eric Lombard espère ainsi « des effets » rapides, « dans les jours qui viennent », sans pour autant assurer d’une distribution tous les deux jours.
Une « fracture territoriale supplémentaire »
Le groupe invite ses abonnés postés à activer leur compte numérique
Pour faire face à ce problème de distribution, le groupe Centre France a notamment appelé ses abonnés papiers à activer leur abonnement numérique : « Malgré tout, ça laissait beaucoup de monde sur le carreau, on avait de mauvais retours. C’était une sorte de fracture territoriale supplémentaire dans cette crise sanitaire parce que les plus pénalisés étaient les personnes âgées, qui n’ont pas accès à internet, ou qui ne sont pas très à l’aise avec » reconnaît Pascal Ratinaud. Ces personnes « habitent plutôt en milieu rural et la zone de diffusion du groupe Centre France est sur un territoire où la ruralité est forte. Et pour ces gens là, c’était un éloignement supplémentaire ».
Surtout que même en temps normal, les abonnés peuvent recevoir leur journal bien après midi, les nouvelles perdant quelque peu de leur fraîcheur : « Le problème de dégradation du service de La Poste n’est pas nouveau. Il n’est pas très normal effectivement qu’avec le changement des tournées au fil des années, certains puissent être livrés à 3h, à 4h voir à 5h de l’après-midi » constate l’éditorialiste. Voilà aussi pourquoi le groupe a développé depuis quelques années son propre système de livraison.
Quoi qu’il en soit, Pascal Ratinaud espère que La Poste revienne vite « à des choix différents dans la distribution du courrier », pour que le « lien social » incarné par le journal puisse opérer, au moins un jour sur deux.
Johan Detour
Retrouvez notre entretien avec Pascal Ratinaud, rédacteur en chef au Populaire du Centre. Propos recueillis par Sébastien Péjou :
Entretien avec Pascal Ratinaud – 31 mars 2020 – Le GRAL
Photo à la Une : La distribution des quotidiens, comme Le Populaire du Centre, est aussi à l’épreuve de la crise sanitaire. Crédit : DR
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