L’Insee a réalisé une première mesure de l’impact, à début mai de la pandémie Covid 19. Si la Nouvelle Aquitaine s’en tire plutôt mieux que d’autres régions, ses conséquences sur l’économie de ses territoires risquent d’être beaucoup plus durables. Analyse.
« En Nouvelle-Aquitaine, l’activité serait en baisse de 31 %, dans une position intermédiaire parmi les régions françaises et apparaissant, avec les Hauts de France et la Bretagne, parmi les moins affectées des régions de métropole ». La relative bonne nouvelle à lire entre les lignes de l’exergue de la première étude nationale de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) doit être immédiatement relativisée.
D’abord, parce que les dégâts collatéraux de la pandémie concernent 1,2 millions d’emplois sur les 2,2 millions d’emplois, salariés et non-salariés de Nouvelle Aquitaine. « Les secteurs très fortement impactés (c’est-à-dire dont l’activité est réduite d’au moins deux tiers) sont en particulier l’hébergement-restauration, le commerce non alimentaire et la construction (…) représentent près de 450 000 salariés et 130 000 non-salariés (…) concentrés dans de petits établissements de moins de 50 salariés (8 emplois sur 10) ».
Ce qu’il y a de plus préoccupant, c’est que ces secteurs, et en particulier ceux liés au tourisme, directement ou indirectement, et pour lesquels la saison à venir s’annonce grise, vont se trouver durablement impactés par les conséquences de la pandémie. La question du nombre d’entreprises qui, faute d’une saison 2020 complète, atteindront la saison suivante, se pose déjà. La prochaine vague de données Insee sur les arrêts d’activité dans ces secteurs sera particulièrement éclairante.
Amortisseur industriel et agricole
En ce qui concerne la géographie de l’impact du Covid 19, l’Insee nous confirme sans surprise que « l’exposition à la crise varie d’un territoire à l’autre en fonction des spécificités de l’économie locale ». Ainsi en va-t-il en Limousin et Périgord, où Creuse et Corrèze s’en tirent plutôt mieux que Haute-Vienne et Dordogne. Et à l’intérieur de ces départements, «l’orientation plus industrielle des zones d’emploi (ou leur) forte spécialisation dans l’agriculture (..) jouent un rôle d’amortisseur pour l’activité ».
De même, si le déconfinement progressif en cours se poursuit, peut-on penser que le secteur de la construction pourrait connaître un rebond significatif, à la fois du fait d’investissement publics nouveaux, mais aussi privés, par exemple avec une incitation plus systématique à la rénovation énergétique des logements, dont tous les experts d’accordent à dire qu’il y a là un gisement considérable d’emplois.
Ainsi en va-t-il également de la relocalisation d’activités industrielles jugées comme « essentielles » ou « stratégiques », dans une logique d’aménagement du territoire qui passe immanquablement par un réinvestissement de la puissance publique dans ce domaine. Du moins si on veut que le « monde d’après » ne soit pas pire que le précédent.
Ainsi l’étude de l’Insee, instantané de l’état de l’économie régionale, nous montre-t- elle ce qui pourrait être d’utiles solutions de sortie durable de la crise née d’une pandémie qui aura eu le mérite de souligner nos faiblesses.
Par Roger-Gabriel HENRY.